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Pourquoi des enfants atteints d’albinisme naissent en Afrique — et pourquoi certains sont encore victimes de croyances de sorcellerie

 

1- L’albinisme, c’est quoi (scientifiquement) ?

L’albinisme n’est pas une « malédiction » : c’est un ensemble de maladies génétiques héréditaires qui perturbent la production de mélanine (pigment de la peau, des cheveux et des yeux). La forme la plus connue est l’albinisme oculocutané (OCA). Plusieurs gènes peuvent être en cause (notamment TYR, OCA2, TYRP1, SLC45A2), donnant différents sous-types (OCA1 à OCA7). L’OCA2 est particulièrement fréquent à l’échelle mondiale et en Afrique subsaharienne. Ces variants génétiques se transmettent de façon autosomique récessive : un enfant est atteint s’il hérite d’un allèle muté de chaque parent (souvent non atteints eux-mêmes).

Conséquences médicales. Hypopigmentation cutanée et capillaire, photophobie, baisse de l’acuité visuelle (atteintes rétiniennes), et forte sensibilité aux UV (coups de soleil, risque accru de cancers cutanés sans protection). Un suivi ophtalmo + dermato, chapeaux, vêtements anti-UV et crème solaire sont donc essentiels.

2- Pourquoi l’albinisme est-il plus visible en Afrique ?

Sur la planète, l’albinisme est rare (souvent 1 cas sur 5 000 à 15 000). En Afrique australe et orientale, certains sous-types (surtout OCA2) sont plus fréquents pour des raisons génétiques de population (histoire démographique, effet fondateur, mariages au sein de groupes restreints). Exemple souvent cité : en Tanzanie, une étude ancienne à Dar es-Salaam évoquait 1/1 400 (registre hospitalier, donc surestimé), tandis que des données de recensement indiquent ≈1/2 673 (≈0,04 %). Dans d’autres pays/régions d’Afrique, les estimations varient selon les méthodes, mais convergent sur une prévalence plus élevée qu’en Amérique ou en Asie.

À retenir : plus de naissances visibles ≠ phénomène “mystique” — c’est l’expression d’une génétique de population et de la visibilité accrue (peaux très claires au milieu de peaux foncées), ce qui attire le regard… et parfois les préjugés.

3- D’où viennent les croyances de sorcellerie ?

Dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est et australe, mythes et superstitions persistent autour de l’albinisme : certaines personnes pensent, à tort, que les personnes atteintes seraient des esprits, fantômes ou que leurs corps/parties auraient des pouvoirs magiques (chance, richesse) lorsqu’ils sont utilisés en rituels ou amulettes. Ces croyances erronées — souvent alimentées par des charlatans ou « guérisseurs » — ont conduit à des agressions, mutilations, meurtres et trafics de corps. Les Nations unies dénoncent explicitement ces pratiques et les relient à la demande de charmes liés à la sorcellerie.

Pourquoi ça perdure ?

Économie informelle de la peur : des « intermédiaires » monétisent des rituels et inventent une valeur magique aux organes.

Désinformation et anonymat des réseaux favorisent la propagation des rumeurs.

Déficits d’État de droit : enquêtes et poursuites parfois lentes, corruption locale, peines dissuasives inégales.

Stigmatisation sociale : exclusion à l’école, au travail, au mariage, qui isole et fragilise les familles.

4- Où et à quelle échelle la violence a-t-elle été documentée ?

Les cas ont été le plus médiatisés en Tanzanie, Malawi, Mozambique, Burundi, RD Congo et Zambie depuis la fin des années 2000. Les rapports d’Amnesty International et de l’ONU recensent des enlèvements, meurtres, profanations de tombes, mais aussi des attaques déjouées. Au Malawi, la presse internationale a rappelé en 2025 plus de 170 crimes signalés depuis 2014 (toutes catégories confondues), malgré quelques condamnations emblématiques. La SADC (Communauté d’Afrique australe) a adopté en août 2024 une Déclaration sur la protection des personnes atteintes d’albinisme — un signal politique régional important.

Les Nations unies réaffirment que « la croyance selon laquelle des parties du corps des personnes atteintes d’albinisme peuvent être utilisées en médecine, amulettes et charmes » est fausse et nourrit les crimes — et appellent à protéger, poursuivre et démanteler ces réseaux.

5- Le rôle du droit, des institutions… et des mots

Cadre international : Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, chaque 13 juin (résolution A/RES/69/170, 2014). Elle porte la voix « rien d’“esprit” ou “magique” — des êtres humains avec des droits** ».

Accès à la justice : l’ONU préconise l’application stricte des lois pénales, la protection des témoins, l’interdiction des productions de charmes (là où existe une loi sur la sorcellerie), et des réparations pour les victimes.

Langage respectueux : on privilégie l’expression « personne atteinte d’albinisme » (PAA) plutôt que « albinos », terme souvent utilisé de façon déshumanisante.

6- Ce qui fonctionne sur le terrain (pistes concrètes)

Protection & justice

Unités policières spécialisées, lignes d’alerte communautaires, protection des écoles et internats sûrs pour les enfants à risque.

Enquêtes proactives contre les réseaux (commanditaires, trafiquants, « sorciers »), sanctions rapides et publiques pour casser l’impunité.

Santé publique

Fourniture gratuite/abordable de crèmes solaires, lunettes correctrices, vêtements anti-UV ; dépistage régulier des lésions cutanées ; éducation solaire dans les écoles.

Éducation & communication

Campagnes nationales (radio, TV, réseaux sociaux, leaders religieux et de chefferies) pour démonter les mythes et expliquer la génétique en langues locales.

Implication d’enseignants et médiateurs communautaires pour prévenir le harcèlement et garder les enfants à l’école.

Inclusion socio-économique

Bourses et emplois protégés ; soutien à l’entrepreneuriat ; visibilité positive de rôles modèles (sportifs, artistes, enseignants).

Partenariats avec ONG/associations (ex. Global Albinism Alliance, Under The Same Sun) pour matériels, plaidoyer et données.


7- Réponses rapides aux idées reçues

« Pourquoi y en a-t-il “autant” en Afrique ? »
À cause de fréquences génétiques plus élevées pour certains variants (notamment OCA2) dans des populations données — pas à cause d’un facteur mystique.

« Les “remèdes” ou amulettes, ça marche ? »
Non. C’est une croyance sans fondement scientifique qui tue et doit être poursuivie.

« Faut-il éviter le soleil ? »
Il faut se protéger (vêtements, chapeau, lunettes, crème solaire) et consulter régulièrement ; une vie pleine et active est possible avec un accompagnement adapté.


8- Conclusion

Les naissances d’enfants atteints d’albinisme en Afrique s’expliquent par la génétique humaine, point. Les violences dont certains sont victimes relèvent de croyances dangereuses, de trafics et d’impunités — pas d’une réalité mystique. La solution est connue : éduquer, protéger, soigner et poursuivre. En changeant les récits et en renforçant l’État de droit, on protège des vies et on rend justice.


 

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